T'as voulu voir Vierzon...
S’il est un endroit commun à notre double lignée, – paternelle et maternelle, Vierzon est bien cet endroit…
Pour moi Vierzon c’est deux souvenirs ; l’un qui m’est propre, c’est la chanson de Jacques Brel, ‘Vesoul’, ‘T’as voulu voir Vierzon et on a vu Vierzon’… l’autre c’est un souvenir que nous a transmis ma mère, Josette, sur les bombardements de Vierzon pendant la Seconde Guerre ; Maman nous racontait que son père, Ambroise, un soir de juillet 1944, réveillé et inquiet des bruits, de la fureur du ciel , est sorti, a vu dans la nuit le feu de Vierzon au loin de son jardin de Romo ; puis a couru à travers champs pour prévénir le père Habeau, son voisin, et s’est étalé à travers le carré de pommes de terre.
Le matin il raconte à Gisèle et sa fille Josette qui du haut de ses 10 ans lui reproche : ‘pourquoi tu ne m’as pas réveillée…’
Vierzon c’est aussi, Hubert, mon père, ingénieur dans l’Industrie du caoutchouc, qui s’y rendait pour son travail, lorsqu’il visitait l’usine de Paulstra..
Enfin pour nous, plus prosaïque, Vierzon c’est essentiellement la gare : pour aller à (ou en arrivant de) Paris, ou pour aller à (ou en arrivant de) Perpignan. (à ce propos, je me souviens d’un sens interdit que mon grand-père Fernand avait emprunté par mégarde en m’accompagnant à la gare… et des cris d’effroi de ma grand mère Pierrette…).
Vierzon, dans notre imaginaire c’est une ville sans forme, sans grâce. Une ville qu’on passe… une ville au passé industriel trop affirmé.
Pourtant Vierzon mérite de s’y attarder : c’est le canal du Berry, ce sont les bords de l’Yèvre, affluent du Cher à Vierzon ; c’est aussi un patrimoine médiéval bien conservé, comme en témoignent les maisons à pan de bois de la vieille ville ; et le beffroi, ou porte Banier ; porte qui assurait la communication entre le château de Vierzon et la ville.
Et pour nous, Vierzon mérite de s’y intéresser : pour notre famille, s’il est un endroit ‘point de départ’, commun à notre double lignée, – paternelle et maternelle, Vierzon est bien cet endroit…
A dire vrai, il y a eu pour notre famille autant de joie que de souffrance vécue dans cette ville…
Du coté paternel, on l’as vu précédemment, Vierzon c’est la ville de naissance et de jeunesse de Fernand Boutron, mon grand-père ; c’est la ville où Henri et Flavie , ses parents, commencent leur vie de couple, jusqu’après la Grande Guerre où ils s’établiront à Saint Georges… mais nous y reviendrons
Vierzon c’est également ici où l’on rencontre bon nombre de Chauffeteau, oncles et tantes maternels de ma grand mère Pierrette, mère de mon père.
Et du coté maternelle, le lien avec Vierzon est beaucoup plus prononcé …
Les Thébault, – (lignée de Gisèle, ma grand-mère maternelle), du plus loin qu’on les connaisse, viennent de la périphérie de Bourges et de Vierzon ; ils s’installent à Vierzon même au début du XIX°, au moment ou les industries se développent et où le Chemin de Fer ‘monopolise’ la vie économique de la ville
Les Thébault, – (à l’origine de ma grand-mère maternelle, Gisèle), comme les Chauffeteau, – (à l’origine de ma grand-mère paternelle, Pierrette), et dans une moindre mesure les Boutron, sont des journaliers, des paysans sans terre qui louent leur bras,- à la journée, à la tâche, pour travailler les champs des fermiers-laboureurs ;
Ouvriers agricoles, ils s’installent en ville au XIX° siècle, et travaillent à l’usine, lorsque les pôles industriels se développent et demandent une main-d’œuvre régulière et stable.
Pour Vierzon, l’histoire industrielle commence par la forge, les hauts fourneaux, l’industrie du fer… et le Chemin de Fer. Toutes ces activités auront une importance dans la vie de nos aïeux
Chauffeteau, Thébault, Boutron… racontons d’abord ce que nous connaissons des Thébault…









Ce que nous connaissons des Thébault...
C’est par Charles Thébault, le patriarche que commence véritablement l’histoire commune de la famille maternelle et de Vierzon…
Charles Thébault, c’est le père de Léon Thébault, – et c’est l’arrière-grand-père maternel de ma grand-mère Gisèle ;
Disons le tout de suite Gisèle ne connaitra jamais cette partie de son histoire ; ni même, peut-être, l’existence de ces personnes… tout juste évoquait-elle les cousins de Vierzon. Mais de qui parlait-elle ?
Juste un petit point pour situer les choses ; Gisèle est née en février 1912 à Romorantin et n’a été reconnue que par sa mère Léontine Thébault ;
Léontine était orpheline de père et de mère ; Son père, Léon Thébault,- (grand-père de Gisèle), était le fils cadet de Charles ; Charles Thébault personnage pivot des Thébault de Vierzon du XIX° ;
Léontine avait deux sœurs : Pauline, l’ainée et Alphonsine la cadette ; Léontine, la mère de Gisèle, était la plus jeune des trois sœurs ; au décès de ses parents, Pauline l’ainée avait 7 ans, Alphonsine 2 ans, Léontine 3 mois ; Seules les plus jeunes, Alphonsine et Léontine, ont été confiées par l’Assistance Publique à des familles d’accueil, dans les environs de Romorantin, (nous y reviendrons) ; Seule Pauline, l’ainée, est restée à Vierzon, hébergée par sa tante, Charlotte, sœur de Léon Thébault, père de Léontine (nous y reviendrons aussi) ;
Lorsqu’elle évoquait ses cousins de Vierzon, c’est peut-être des enfants de Pauline, sa tante, dont parlait ma grand-mère Gisèle, ……
Mais revenons à Charles Thébault, l’arrière-grand-père maternel de Gisèle…
Charles nait à Vierzon le 20 mars 1833 ; Il est l’un des derniers rejetons d’un deuxième lit, le 16° sur 17 enfants, d’Étienne Thébault, un vieux solognot de 57 ans…
Étienne Thébault, le père de Charles, est journalier et marchand de mouche à miel, marchand d’abeilles ; il vient d’un peu plus au Nord, Nord-Est de Vierzon, d’Achères, dans la Sologne berrichonne ;
Le nom d’Achères vient du vieux français : ‘aschier’ signifiant « rucher » ; le miel, en des temps reculés, était la seule source de sucre ; produire du miel était une bonne source de revenu complémentaire pour des paysans sans terre…
Étienne, le père de Charles, nait en 1776, – alors que Louis XVI inaugure son règne ; – La Sologne est une terre de désolation ; Étienne nait à Achères ; le dernier d’une fratrie de 6 … il ne fait pas bon d’être le dernier; les cadets doivent se débrouiller …
Déjà le père d’Étienne, Jean Thébault, dernier d’une fratrie de 8, a du quitter le village de Neuilly-en-Sancerre où les Thébault, depuis le XVI° siècle au moins, s’étaient installés ; la plus-part étaient sabotiers. quelques-uns laboureurs… peu de terre… les cadets étaient domestiques, journaliers ; s’établissaient où était le travail … et fondaient leur foyer. Ce fût le cas d’Étienne…
C’est par Étienne que commence la présence des Thébault à Vierzon ;
Mais auparavant c’est entre Achères et Ménétréols-sur-Sauldre où il se marie une première fois, que vit Étienne ; à 31 ans il épouse Marie-Anne Poupa qui lui donnera 10 enfants – (seul l’ainé, Jean, atteindra l’age adulte ; les 9 autres, dont des triplés, n’iront pas au delà des 3 ans…) ;
Ce n’est qu’en 1820, qu’on rencontre Etienne et sa famille pour la première fois à Vierzon, lors de la naissance du neuvième de ses 10 enfants du premier lit, – une petite Anne qui ne vivra pas ; son dixième enfant, Françoise, nait également à Vierzon, en fevrier 1821; Marie Poupa, son épouse n’y survivra pas ; elle meure à Vierzon en mars 1821, à 37 ans ;
Étienne se remarie très vite, – comme pour la plus part des veufs, c’est une question de survie il ne peut assumer gagner sa vie et entretenir son foyer ; C’est à Vierzon qu’il trouvera seconde épouse, – Jeanne Bardin, la mère de Charles, 21 ans.
Viendrons 7 enfants : Charles sera l’avant dernier…
Charles, l’arrière-grand-père de Gisèle, nait en 1833, sous Louis-Philippe, – (le dernier Roi des Français), au début de la Révolution Industriel française, à Vierzon, ville provinciale qui accueille dès avant ce changement d’activité économique ;
Charles a 15 ans à la Révolution de 1848, et 28 ans en 1861, lorsqu’il se marie au beau milieu du Second Empire ; Charles enfin a 85 ans lorsqu’il meure en 1918, à la fin de la Grande Guerre.
Charles sera tour à tour, soldat aux 12° Régiment de Dragons de Bourges, ouvrier agricole puis terrassier sur les grands chantiers parisiens (nous y reviendrons dans le thème que nous traiterons sur la Révolution Industrielle, dans la rubrique ‘D’une Génération l’Autre’)
Charles aura 13 enfants ; 4 de ses 6 fils travailleront sur les chantiers de Paris avec lui ; 3, dont Léon, y laisseront leur vie, trentenaires, – Léon le grand-père de Gisèle, notre lignée ; l’ainé des fils prénommé Charles, comme lui, mourra quarantenaire, 15 ans avant lui, 15 ans avant son père.
Charles, quand il n’est pas à Paris ou en région parisienne sur des chantiers, vit à Vierzon, avec Françoise Miron, sa femme, la mère de ses 13 enfants ; Françoise qui meure à 80 ans en 1916.
Charles aura traversé le XIX° siècle, connu la monarchie, l’empire et la république ;
Charles sera le référent au mariage de plusieurs de ses petits enfants orphelins de ses fils, – (il en hébergera même certains à la fin de sa vie) ; à son mariage en 1906, Pauline ,-( la fille de Léon mort en 1893 ; Léon, grand-père de Gisèle), Pauline aura cette chance ; la chance de s’appuyer sur Charles son grand-père … Pas Alphonsine, ni Léontine ses sœurs ; (Léontine, la mère de Gisèle).
Charles meure en 1918, à Vierzon … Gisèle nait en 1912 à Romorantin…
La vie est dure à Vierzon…
Dans l’article prochain nous poursuivrons notre périple à Vierzon…