Cimes et Racines – Bruno

Allons-y !…

Alice, ma fille, m’envoie de Montréal une photo qu’on lui transmet d’une plaque de rue parisienne : ‘Impasse Boutron’…

Cette plaque, je la connais bien, elle se situe dans le 10° arrondissement de Paris, pas très loin de la gare de l’Est, dans le quartier de l’Hôpital Saint-Louis et du canal Saint Martin …

C’est une toute petite rue, en impasse, qui porte le nom de l’ancien propriétaire du terrain… la rue est assez récente, elle a été créée vers 1840, dans les premiers aménagements du nouveau Paris, alors que la ville se sentait déjà un peu corsetée dans ses vieux habits.

Cette petite rue n’a pas grand intérêt… sauf pour nous par le nom qu’elle porte.

Nous en tirons une petite fierté, – (pensez donc, nous sommes de ceux qui avons une rue de Paris à notre nom, fusse-t-elle une impasse !) ; hélas, à aujourd’hui, nous ne pouvons lié ce patronyme au notre : les Boutron de Paris ne sont pas (encore ?) de notre famille. (Je reviendrais un jour sur ce qu’on connait des Boutron de Paris).

J’étais en Sologne ces dernières semaines et j’ai moi même été attiré par un panneau que j’ai découvert sur un chemin d’accès à Mery-sur-Cher ; ce panneau indiquait la direction d’un lieu-dit ‘les Boutrons’

C’est une toute autre histoire que ce panneau nous raconte ; ce pourrait être même  l’un des débuts de notre histoire familiale…

Mon arrière-grand père, Henri Boutron, est né à Mery-sur-Cher ;

Son père, François, y habitait, mais n’y était pas né ; François était né à Maray, (précisément à Doulçay, commune fusionnée à Maray en 1834), en Sologne donc, à 7 km de Mery.

La mère d’Henri , Solange Bouchard, était d’Henrichemont. commune à 40km à l’Est de Vierzon.

Le père de Solange, Étienne Bouchard, était ‘garde particulier‘, sur Thénioux à Breuzet puis au Bois-Audrant

Jusqu’à aujourd’hui, seul l’acte de vente en 1924, par Henri, de la ferme familiale atteste de la présence des Boutron à Mery ; mais pas au lieu-dit ‘les Boutrons’, au Clos Charnay, plus près de Vierzon

Thénioux, Mery sur Cher, Vierzon, Maray/Doulçay … 4 villes limitrophes ; et peut-être qu’un jour on trouvera le lien entre le lieu-dit ‘les Boutrons’ et notre famille ?

En attendant, poursuivons notre chemin… Allons-y …

Thénioux, au loin l'église et la mairie
Thénioux, la route vers le cimetière à travers la foret
La tombe de Solange à Thénioux ; en mars 2025 elle était encore fleurie

Solange, Alexandre et les autres…

 

Je suis donc allé sur place, à Thénioux et à Mery en particulier ; Petites bourgades rurales qui semblent encore figées ; un premier tour de ville nous plonge dans les siècles passés ;

Thénioux d’abord, tout près de Vierzon et limitrophe de Mery sur Cher ; le centre-bourg est réduit à sa plus simple expression : une petite place qui réuni l’église et la mairie… et un long chemin vers la foret ou se collent quelques habitations ; le cimetière est perdu en foret ; dans ce cimetière j’ai retrouvé Solange Bouchard, mère d’Henri Boutron mon arrière grand-père ;

Solange est une énigme

La famille Bouchard vient d’Henrichemont, à une quarantaine de km à l’Est de Vierzon. Etienne, le père, était journalier ; il se plaçait à la journée auprès des fermiers en demande de main d’œuvre. 

Il a 29 ans quand il se marie, en 1849 ,avec Françoise Chantereau, de Morogues ; elle 33 ans.

Premier enfant, une fille, Marie-Madeleine, née en 1851à Henrichemont ; Etienne est toujours journalier.

Un deuxième enfant, un garçon, Eugène, né à Henrichemont en 1853 ;

Puis Solange, en 1855

Et Auguste en 1858 ; Tous à Henrichemont. 

Eugène comme Auguste, les frères de Solange, meurent en bas age : 4 ans pour l’ainé, moins d’un an pour le dernier. De sorte que c’est une petite famille qu’on retrouve à Thénioux, mentionné pour la première fois au mariage de Marie-Madeleine, la sœur ainée de Solange, en 1868.

Etienne, le père de Solange, est alors garde-particulier : c’est en quelque sorte une promotion de vie ; le garde-particulier représente l’ordre et la loi sur un domaine qu’on lui demande de protéger notamment contre les Raboliot locaux ;

Toute la famille d’Etienne est installé au Breuzet, c’est un lieu-dit boisé de Thénioux ;

Encore au recensement de Thénioux de 1872, on retrouve toute la famille Bouchard, sous l’égide d’Étienne, garde particulier et de sa femme Françoise Chantereau ; au foyer, Solange, 17 ans est bien cité, mais aussi sa sœur Marie-Madeleine et l’époux de sa soeur Louis André Poupelin ; leurs deux enfants  ; Et également un jeune journalier de Lury sur Arnon près de Vierzon, Jean Guenin, 20 ans ; signe qu’Étienne, qui désormais est patron, a changé de statut.

Pas encore d’énigme pour Solange : elle se marie avec François Boutron en 1876 à 20 ans, – (elle attend son premier enfant Joséphine) ; Le couple s’installe à Mery sur Cher

Vient ensuite François, son premier fils qui meure au bout de 9 jours en janvier 1879 ; Et l’énigme Solange commence ici : sur l’acte de naissance de son fils, elle se nomme Clémence ;

Idem, Solange se nomme Clémence pour son deuxième fils né en décembre 1879 , prénommé François également ;

Par contre Solange reprend son prénom sur l’acte de naissance de son troisième fils Henri en 1882, mon arrière grand père… et se nomme à nouveau Clémence pour les naissances de ses derniers enfants, Alexandre en 1886 et Armantine en 1891.

Sur l’acte de mariage d’Henri en 1907, sa mère se prénomme Solange ; elle est dite être domestique à Genouilly ; or au recensement de 1906 de Genouilly, pas de Solange mais une Clémence Bouchard née à Henrichemont en 1855, domestique chez les Martin.

Genouilly et non Mery sur Cher, c’est la deuxième énigme de Solange : on la rencontre la plus part du temps hors du domicile conjugale, là ou elle travaille:à Genouilly et non Mery ; c’est souvent hélas le lot de la domesticité qui a rarement le droit à une vie propre.

Il n’empêche, au recensement de Mery de 1911, François vit seul avec Armantine 10 ans, sa dernière fille… la dernière fille de Solange…  Et on a perdu Solange… ni à Genouilly, ni à Mery…

Et on la retrouve, je la retrouve lors de mon dernier séjour en Sologne en mars dernier, au cimetière de Thénioux

Solange, Clémence… ce changement de prénom nous a donné du fil à retordre…

Solange repose seule à Thénioux, là où elle a passé son enfance…  elle est morte à 73 ans en 1928 … énigmatique Solange

                                                Alexandre et les autres… dans l’article prochain…

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