1 – Génération 1 à 3 : Les générations des années 1910 jusqu’aux années 1960/90
3 – La Troisième République – essor et déclin…
1 3 1 – la Grande Guerre 14/18…

Contexte :
1- Origines et conséquences d’un cataclysme mondial.
On parle souvent de l’Après-Guerre ; on pourrait aussi parler de l’Avant-Guerre…
La Grande Guerre, ce cataclysme mondial qui bouleversa l’ordre établi, ne surgit pas du néant. Elle trouve ses racines profondes dans la défaite française de 1871 face à la Prusse, traumatisme national qui hanta toute la Troisième République naissante. Celle-ci façonna, dès les bancs de l’école, une jeunesse nourrie à l’esprit de Revanche, bercée par le souvenir de l’Alsace-Lorraine perdue.
En 1914, lorsque le tocsin sonne la mobilisation générale, c’est la fleur au fusil et au cri de « À Berlin ! » — comme en témoigne encore la grande fresque de la gare de l’Est à Paris — que les soldats en pantalons rouges montent au front, convaincus qu’ils seront rentrés pour les moissons.
Pourtant, la guerre de mouvement laisse bien vite place à une guerre de position, où les tranchées deviennent des tombeaux ouverts. Les mois s’étirent en années, les morts s’empilent, et l’enthousiasme du départ laisse place à l’usure morale.
La société tout entière est mise à contribution : des classes de plus en plus jeunes, parfois de moins de vingt ans, sont envoyées combattre ; les femmes, restées à l’arrière, prennent la relève aux champs et dans les usines. L’effort de guerre devient une épreuve nationale, qui transforme en profondeur le tissu social et familial.
Et lorsque la France sort victorieuse en 1918, elle est pourtant exsangue, mutilée, endeuillée. Elle est vainqueur et vaincue à la fois. Rien de ce qui faisait l’avant-guerre — ni son organisation politique, ni ses certitudes sociales — ne pourra subsister.
Au-delà du vœu pieux de « Plus jamais ça », c’est une recomposition profonde de la société qui s’amorce, semant les germes d’un monde nouveau, celui qui prendra forme — douloureusement — à travers les épreuves du second après-guerre.
Le 113° RI, régiment de Solognots et Berrichons basé à Romorantin, en pointe en Artois :
2- Des plaines de la Sologne aux tranchées de l’Artois : itinéraire d’un régiment sacrifié.
Le 113e régiment d’infanterie a laissé son empreinte dans la mémoire et le paysage de Romorantin. Aujourd’hui encore, une rue en porte le nom, et les bâtiments modernes ont épousé le tracé de l’ancienne caserne, rappel discret mais puissant du rôle central qu’a joué ce régiment dans la vie locale… et dans les tragédies du XXe siècle.
Composé majoritairement de Solognots et de Berrichons, enracinés dans les terres du Cher, du Loir-et-Cher et de l’Indre, le 113e RI est mobilisé dès le 2 août 1914, comme des centaines d’autres unités de l’armée française. Mais pour ce régiment, le choc est immédiat et brutal. Déployé dans l’Est dans le cadre de l’offensive française en Lorraine, il est jeté dans la bataille des frontières.
En quelques jours, il affronte le feu lors de combats désastreux autour de Dieuze et Vergaville (Moselle), dès le 20 août 1914. Mal préparé à une guerre d’une violence industrielle, sans couverture suffisante contre les tirs d’artillerie, le 113e est littéralement fauché. Des compagnies entières sont clouées au sol ou taillées en pièces lors des contre-attaques allemandes. Les pertes sont si importantes que le régiment est considéré comme quasiment détruit à la fin du mois.
Mais l’armée n’a pas le luxe de laisser mourir ses régiments. Le 113e est reconstitué dès l’automne, en partie avec des soldats venus d’autres régions, ce qui modifie un peu son ancrage régional d’origine. Le régiment reprend alors du service sur différents fronts avant d’être engagé à nouveau dans une des grandes offensives de l’année 1915.
En mai 1915, lors de la seconde bataille de l’Artois, le 113e est envoyé dans l’enfer du secteur de Neuville-Saint-Vaast, au nord d’Arras. L’objectif du commandement français est de briser la ligne allemande en s’emparant de la crête de Vimy, position stratégique solidement tenue par les Allemands depuis le début du conflit.
Les soldats du 113e se retrouvent plongés dans une guerre de tranchées étroites, boueuses, exposées à des bombardements constants. Ils subissent les gaz, les attaques surprises, les nuits sans sommeil. Le 27 mai 1915, ils sont lancés à l’assaut d’une tranchée ennemie. C’est là que se produit un des actes de bravoure qui restera dans les mémoires : un groupe de soldats du 113e, malgré des pertes énormes, parvient à enlever la position ennemie au corps à corps, à la baïonnette, sans soutien d’artillerie. Mais les pertes sont telles que le régiment est encore une fois saigné à blanc.
La suite de la guerre verra le 113e RI alterner les périodes de front, d’accalmie relative, puis de retour dans l’enfer — à Verdun, dans la Somme, en Champagne… comme tant d’autres régiments de cette guerre interminable. À chaque engagement, les hommes se battent avec l’endurance têtue des paysans et des ouvriers du Centre, souvent dans des conditions inhumaines.
Aujourd’hui, il ne reste plus de survivants de ces campagnes, mais les monuments aux morts de la Sologne et du Berry portent les noms de ceux qui ont servi au 113e ; les noms de nos morts. Le régiment n’a pas disparu sans laisser de traces : il vit encore dans la toponymie, la mémoire familiale et les archives ; dans notre mémoire comme un rappel du prix payé par des générations d’hommes ordinaires plongés dans une guerre hors de toute mesure.
3- A l’arrière…
Dans un pays de champs et de foins, de vaches, de brebis et de chèvres, les hommes partis, les femmes ont dû s’y mettre. Elles ont labouré, semé, moissonné. Les outils manquaient parfois, la main-d’œuvre encore plus. Les enfants prenaient tôt leur part de travail, les anciens reprenaient des gestes abandonnés depuis longtemps. L’arrière vivait au rythme du courrier, entre nouvelles rassurantes et lettres noircies de mauvaises nouvelles.
Les permissions ramenaient des visages changés, marqués par le front. Les échanges restaient courts : on parlait du temps, de la récolte, rarement de la guerre. Non par indifférence, mais parce que les mots ne suffisaient pas. Les soldats, souvent, ne racontaient pas. Ils revenaient à la ferme ou au village comme on revient d’un autre monde, temporairement.
Maurice Genevoix a nommé ces hommes « Ceux de 14 » et écrivait : « Nous ne sommes pas des héros, nous sommes des hommes ». À l’arrière, on devinait l’ampleur de l’épreuve sans pouvoir la mesurer. Les campagnes de Sologne, pendant ces années, furent à la fois un lieu de labeur continu et d’attente silencieuse. Ce silence, transmis de génération en génération, est resté une part de la mémoire locale — une mémoire qui tient autant aux faits qu’aux absences, aux gestes quotidiens qu’aux noms gravés sur les monuments.
Nous, descendants des Solognots, portons encore, peut-être sans le savoir, ce silence. C’est un héritage de larmes retenues, de mains calleuses et de lettres tachées d’encre et de pluie. Ces campagnes ont entendu leurs pas avant la guerre, et leur mutisme après. Écoutons-les encore : dans le souffle du vent sur les chaumes, dans le cri du coq au matin, ils sont là. Ceux qui ne disaient rien, mais qui ont tout vécu. Ceux de 14.
Sylvain Julien, prisonnier en Allemagne …
– (mon ‘sosa ‘ de ma Génération ),
L’affaire était enfouie dans la mémoire de mon grand père maternel, Ambroise ; l’avait-il au moins su… son père, Sylvain, avait été prisonnier en Allemagne …
La douleur des sœurs …
– (mes ‘sosa ‘, 1,2,3 de ma Génération ),
Alexandrine, tout comme Flavie, au soir de leur vie, les pleuraient encore…
L’après guerre de nos ancêtres …
– (mes ‘sosa ‘, 1,2,3 de ma Génération ),
Albert Picard se marie ; Henri Boutron quitte Vierzon pour se rapprocher des Godard à Saint Georges ; Sylvain Julien se tait ; Renée Saulnier porte le deuil ….
Nos ‘presque’ : les Boutron, Hameury, et autres Godard …
– (compagnons de ma Génération ),
Nos ‘presque’, ce sont les collatéraux, les lointains cousins , – Alexandre le frère d’Henri , André un lointain cousin de Vierzon , Maurice de Vierzon et lointain également ou Hippolyte Hameury, fils d’un frère ; Nous les avons rencontrés dans l’arbre, à coté de nos branches … leur histoire a côtoyé la nôtre…